Erik de Soir : Psychologue, psychothérapeute, Défense, Département du Bien-être, Centre de Compétences – Section d’Appui Psychosocial, Hôpital Militaire Reine Astrid, Rue Bruyn 2, B-1000 Bruxelles. Marcia Knarren : Psychologue, chercheur, Faculté de Psychologie, Université de Maastricht, Pays-Bas. Michelle Depré : Psychologue, Doctorante à l’Université de Metz, France. Jacques Mylle : Docteur en psychologie, Professeur en Psychologie et en Didactique, Chef de la Chaire de Psychologie, École royale militaire, Département des sciences du comportement. Rolf Kleber : Professeur en Psychotraumatologie, Faculté des sciences sociales, Université d’Utrecht, Pays-Bas. Onno van der Hart : Professeur en Psychopathologie de la Traumatisation Chronique, Faculté des sciences sociales, Université d’Utrecht, Pays-Bas.
Article paru in Revue Francophone du Stress et du Trauma.
Expériences potentiellement traumatisantes des secouristes lors d’une catastrophe technologique.
Résumé : Cet article traite des expériences vécues par les sapeurs-pompiers et les personnels des services d’aide médicale urgente pendant et immédiatement après les opérations de secours lors de la catastrophe de Ghislenghien. Une analyse phénoménologique indique que les sapeurs-pompiers ont rapporté plus de menaces vitales ressenties et d’exposition directe à la mort que les personnels des services d’aide médicale urgente. Les résultats indiquent également que les caractéristiques principales de cet évènement traumatogène ont été l’impact massif et soudain, la mort de jeunes victimes ou de nombreux décès. Au niveau des émotions, impuissance, horreur, peur, impression d’apocalypse et chagrin furent ressentis par les deux groupes. Les aspects les plus choquants notés par les sapeurs-pompiers sont la mort de leurs collègues, l’implication de leurs amis et familles, l’impact massif et les victimes brûlées. De leur côté, les personnels des services d’aide médicale urgente et le personnel impliqué dans les hôpitaux ont trouvé comme plus choquant : l’impact de la catastrophe, le contact avec la mort, l’implication d’amis ou des familles, la peine, la souffrance et les hurlements des victimes brûlées. Les différences entre les vécus des deux groupes peuvent s’expliquer par la différence en matière de risques vitaux encourus, de contacts avec la mort et de degré d’entraînement variable entre les deux populations.
Abstract : This article explores the experiences in fire and emergency services personnel engaged in the rescue operations during and immediately after the Ghislenghien gas disaster. Qualitative data analysis indicates that fire fighters reported more perceived threat and direct exposure to death than emergency services personnel. The results also reflect the central characteristics of this potentially traumatizing event: the suddenness and massiveness of the impact and the fact that it involved young victims and/or multiple deaths. With regard to emotions, powerlessness, horror, fear, a sense of apocalypse, and grief were experienced by both fire fighters and emergency services personnel. As to the most shocking aspects of their disaster experience, fire fighters noted the death of colleagues, the involvement of friends and family, the massive impact and the burned victims as most shocking. Emergency services personnel and in-hospital staff reported the impact, the confrontation with death, the involvement of friends and family, and the pain, suffering and screaming of burned victims as the most shocking aspects of this event. The differences in the lived experiences of fire fighters, emergency medical services and in-hospital staff might be explained by differences in life threat, contact with death and various degrees of training.